Les Châteaux
La vie des habitants de SAINT-AUBIN DE MEDOC s’est cristallisée pendant longtemps autour des seigneurs et des grands propriétaires qui, de gré ou de force, furent leurs principaux employeurs. Ils habitaient les maisons fortes ou châteaux : LASSALLE (plus tard appelé VILLEPREUX) et CUJAC.
D’après la « Chronique de SAINT-AUBIN » par René-Pierre SIERRA
Le château de VILLEPREUX
En 1308, le premier seigneur connu est FUST D’ORNON qui, probablement, bâtit sa première maison forte. LA SALLE fut d’abord une petite châtellerie qui dépendait des seigneurs de BLANQUEFORT jusqu’en 1601, date à laquelle le Duc DE CURAS morcela ses biens et transféra ses droits de justice à la seigneurie de SAINT-AUBIN. De 1429 à 1439, le seigneur est Ramond ARNAUD DE BÉARN. On trouve en 1480 et 1490, Gaillard DE DOMASEAU, écuyer, damoiseau, licencié des lois qui épousa Blanche DE SÉGUR.
Le château LASSALLE fut, plus tard, la propriété d’un certain Jean SAINXE puis appartint aux FERRON. L’un d’entre eux est enseveli dans l’église où l’on peut voir son blason avec l’inscription : Ci-gist LANCELOT DE FERRON, escuier, seigneur des maisons nobles de FERRON, de SAINT-AUBIN, de COPIAN, de BRICAILLE et autres lieux et maisons nobles – du 14ème Aoust 1583 ».
Au 17e siècle, le château fort fut démoli et remplacé par celui qu’on voit aujourd’hui.
Pierre de VILLEPREUX, naquit en 1735. Il servit dans les armées royales puis émigra pendant la Révolution. Il mourut à SAINT-AUBIN dans son château qu’il avait récupéré en mars 1817. Son acte de décès mentionne sa qualité de Chevalier de l’Ordre Royal militaire de SAINT-LOUIS. Pierre eut, en 1787, une fille, Marie de VILLEPREUX, qui épousa en 1813, à SAINT-AUBIN, un riche bourgeois de BORDEAUX, Louis-Antoine SCLAFER , dont elle eut un fils, Joseph, en 1817.
SCLAFER vend son château en 1823 au sieur MAISONNOBE, marchand de biens à ST-MÉDARD.
L’année suivante, celui-ci le revend au PÈRE Jean-Baptiste DE MARTRES, lequel, après transformations, y fonde un monastère de Trappistes dont il fut l’abbé jusqu’à sa mort en 1823. Le dernier Trappiste décédé à SAINT-AUBIN mourut en 1834, mais le frère NIVARD, sous-prieur, continua à administrer la propriété jusqu’à son départ en 1838. Il faisait aussi fonction de curé-chapelain de SAINT-AUBIN.
Les Trappistes étaient ensevelis dans l’enceinte du domaine et c’est probablement leurs restes qu’on a trouvés en creusant pour bâtir le Centre d’Accueil de l’Aérospatiale.
C’est parce que le ruisseau « LE CAGARÉOU » traverse la propriété des moines qu’on l’appelle aussi « LE MONASTÈRE ».
En 1844, le château fut acquis par Charles SOISSONS, mari de Anne-Victoire Mel de SAINT-CERAN. Leur fille Jeanne épousa Charles LANGLOIS, fils d’Eugène LANGLOIS (1763-1837) qui était déjà propriétaire du château de CUJAC.
Sous le nom de VILLEPREUX, le château restera la propriété des LANGLOIS jusqu’en 1958, date à laquelle il sera vendu à la SEREB qui deviendra l’Aérospatiale, aujourd’hui EADS.
Le château de CUJAC
Pour récompenser les vétérans de leurs légions et pour leur assurer une retraite convenable, les empereurs romains leur attribuaient des terres dans les pays conquis.
Ces domaines prenaient, en général, le nom de leur nouveau propriétaire qui, modifié au cours des siècles, a bien souvent gardé une terminaison en « ac ». On peut supposer que ce fut l’origine de CUJAC.
Après le Moyen-âge, c’était une maison forte dont la dîme était perçue par le Chapitre de SAINT-ANDRÉ à BORDEAUX. Au début du 13e siècle, ARNAUD, seigneur de BLANQUEFORT, l’en déposséda, mais pour peu de temps car, en 1234, cette dîme fut rétablie par son successeur ARNAUDIN.
Plus tard, cette maison fut la propriété du chevalier Pierre LAMBERT. En 1393, elle fut partagée entre Guilhem AYS DE FRONSAC, damoiseau, et Archambeau de GRELY (ou GRAILLY).
Mais le Chapitre de SAINT-ANDRÉ y revint sans doute, puisque, au début du 18e siècle, un chanoine de ce Chapitre en était le possesseur, PEAK DE PEARE. Il fit construire à proximité du château, une chapelle dont il ne reste rien sinon un lieu-dit « CAPÉRAN » ou « CAPELLAN » situé à proximité d’un autre lieu-dit appelé « LA GARDE » où se tenait probablement un service de gardiennage. Le chanoine y recueillit sa sœur Marguerite, sa belle-sœur demoyselle de GYAC, veuve de PIC DE PÈRE (nom francisé) – 1655/1743 – qui fut ensevelie dans l’église, et sa nièce Renée PIC DE PÈRE (1691-1765), elle aussi ensevelie dans l’église.
Renée, demoyselle de CUJAC, vendit la propriété à Jacques RABY, armateur à BORDEAUX, Consul de la Bourse.
Celui-ci fit démolir la maison forte vers 1767 et construire le château actuel sur les plans de Victor LOUIS qui avait déjà bâti le grand théâtre de BORDEAUX.
Thérèse RABY, fille de l’armateur, épouse Charles BRUNAUD qui sera maire de 1811 à 1815. Leur fille Thérèse BRUNAUD, marraine de la cloche de l’église, baptisée en 1789, épouse Eugène LANGLOIS.
Jusqu’à sa vente à Christian DUSSEDAT, le château de CUJAC appartenait à la famille LANGLOIS, comme celui de VILLEPREUX.